Lettre manuscrite de GH Mumm (1885)

GH Mumm, fondateur de la célèbre marque française des Champagnes de Reims, négocie avec un producteur de Cognac en 1885.

Lettre manuscrite de George Hermann Mumm, propriétaire de la célèbre maison de Champagnes, à Lucien Foucault, producteur de Cognac. Quatre pages (mais deux vierges). En français. 20,7 cm x 27 cm. Reims (France), 15 janvier 1885. Excellent état. Pièce unique.

Extrait

Nous avons soigneusement dégusté et comparé votre échantillon à des cognacs d'autres fabricants, et nous regrettons d'avoir l'obligation de vous informer que vos spiritueux ne conviennent pas à notre application. Pour être associé à nos vins, le distillat doit être totalement neutre et pur en bouche, c'est une condition absolue (...).

L'un des principaux producteurs de Champagnes au monde, comme Veuve Clicquot ou Moët et Chandon, la maison GH Mumm est fondée en 1827. En 1853, Georges Hermann Mumm, fils du fondateur, donne son nom à la marque et définit une stratégie commerciale qui permet à la maison d'agrandir rapidement ses caves et d'acheter les meilleurs vignobles. Dans les années 1890, les Champagnes Mumm approvisionnaient officiellement les familles royales d'Angleterre, de Suède, du Danemark, de Norvège, de Belgique, de Prusse, d'Autriche-Hongrie, des Pays-Bas et d'Espagne, ainsi que les bateaux de croisière, les hôtels, les restaurants et les clubs de luxe. Aujourd'hui, elle est également sponsor officiel d'événements sportifs majeurs, tels que les championnats du monde de Formule 1 et de basket-ball américain (NBA). Le « Cordon Rouge » est un symbole de prestige et de style de vie dans une centaine de pays.

En 1885, GH Mumm négocia avec Lucien Foucault, propriétaire d'une usine de Cognac française respectée, pour acheter une partie de sa production qui entrerait dans la composition de Champagnes. Cependant, GH Mumm n'est pas satisfait des dégustations et fait une autre proposition commerciale à Lucien Foucault, qui semble être l'achat de Cognac pour l'exportation, autre spécialité de la maison Mumm.

Stéphane Kraxner, responsable des archives des sociétés Mumm et Perrier-Jouët à Reims, explique les relations entre les producteurs de Champagne et de Cognac à l'époque :

(...) En effet, comme vous ne le savez sans doute pas, le champagne a besoin d'expulser les résidus de fermentation pour être déversé et purifié. De plus, lors de cette opération, on perd toujours du produit nécessaire au remplissage de la bouteille. Si aujourd’hui il est élaboré à partir de vins plus anciens ou de vins millésimés, ce n’était pas le cas au XIXème et au début du XXème siècle. La plupart des maisons de champagne exploitaient leurs vins avec un mélange de vin vieux et d'alcool de cognac qui leur permettait de corriger des taux d'alcool très bas certaines années. Les progrès de la fermentation et la maîtrise des méthodes d'élaboration, la champagneisation, ont poussé ces techniques dans l'oubli.

Par ailleurs, les maisons de Cognac et de Champagne ont vu un certain intérêt à être représentées par les mêmes personnes sur les marchés : les deux boissons représentent toutes deux le luxe à la française. Enfin, la réunion du groupe LVMH Moët et Chandon et Hennessy a engendré un autre rapprochement du même type que Pernod-Ricard ou la filiale Martell Mumm Perrier-Jouët réunissant les deux produits dans une gestion commune du luxe (…).

Écrite à la main par GH Mumm lui-même, dotée d'une belle calligraphie et d'une signature prestigieuse, cette lettre est particulièrement précieuse pour les amateurs de vins français, de Champagnes et de Cognac.